"Summer Diesel Gala" au North Norfolk Railway

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Salut, ça m'avait un peu manqué ces reconstitutions, alors partons directement dans l'Angleterre de l'Est, plus précisément au North Norfolk Railway pour le Summer Diesel Gala qui s'est déroulé du 14 au 16 juin dernier. Comme d'hab, c'est ultra-réaliste, et les informations sont (pour autant que j'ai vérifié) toutes exactes. Cette fois-ci je suis allé encore plus loin dans les détails, je pense qu'il faut du courage - ou de la passion, appelez cela comme vous voulez, pour tout lire

 

14 juin 2013, 10h30.

 

Nous sommes à Holt, terminus sud du North Norfolk Railway. Cette gare est bizzarement assez récente, puisque "construite" en 1987. En effet, la gare historique a été fermée par British Railways en 1964 et les briques ont été bougées une par une jusqu'au nouvel emplacement.

Le train que nous allons prendre est un top-and-tail ; au milieu le set B (il y en a quatre pour ce gala) de voitures, constitué de Mark 1. En tête, la D6732, un tracteur en livrée BR Verte Split Headcode. Notez qu'en réalité il n'y a pas de jaune à l'avant de la loco. Construite en 1962, la 37032 pour donner sa numérotation TOPS a été un temps nommée Mirage. Basée au NNR, la loco vient juste de terminer une grosse rénovation de plusieurs années.

 

 

En queue de train, une Class 31 (OUI JE SUIS LE SEUL MEC QUI A ACHETE LE NOUVEAU DLC BR CLASS 31 ) en livrée verte et bande blanche, la D5631. Couramment présentes en Angleterre de l'Est, les 263 Class 31 ne servent plus beaucoup aujourd'hui, et 26 sont préservées. Construite à Loughborough (si vous suivez mes reconstitutions, ce lieu doit vous dire quelque chose) en 1960, D5631 fut l'une des trois dernières Class 31 utilisées par EWS avant sa mise à la retraite en 2001. Notez le headcode bien apparent de notre train, 2S03. J'en profite pour vous expliquer simplement comment ça marche si vous ne savez pas :

Le premier caractère, un chiffre, correspond au type de train : les 1 (express) et 2 (normal) correspondent à des trains de passagers, les 3 (plus de 75 mph), 4 (75 mph max), 6 (60 mph max), 7 (45 mph max) et 8 (35 mph ou moins) correspondent à des trains de marchandises, le 5 correspond à des trains de matériel voyageur à vide (ou W en France pour les intimes), le 9 correspond aux Class 373 mieux connues sous le nom de TGV TMST ou Eurostar, et le 0 correspond à une ou plusieurs loco(s) toute(s) seule(s).

Le deuxième caractère, une lettre, donne une information sur la destination du train. Pour les trains longue distance, celui-ci désigne la région (Eastern, Midland, Southern...) et pour les autres c'est souvent la lettre-code de la ville de destination.

Enfin, les deux derniers caractères, des chiffres, sont un code propre à chaque train, et peut correspondre à la position du train dans la journée.

Expliquons avec ces informations le code 2S03 que nous voyons fièrement sur la tête de cette Class 31: 2 puisqu'il s'agit d'un train qui va s'arrêter à toutes les stations, S puisque sa destination est Sheringham, et 03 puisqu'il s'agit du troisième train qui fait ce service dans la journée.

 

 

Avant de partir, faisons un tour en gare pour voir ce qu'on y trouve : la plupart des locos à vapeur (une 56XX, une Stanier Class 5, une J15, une 9F, une WD 8F...) sont au garage ou ailleurs, mais on à la chance d'observer une BR Standard 4MT 2-6-0, 76084. Construite en 1957, cette vapeur fit sa vie dans le nord ouest de l'Anglettere avant d'être envoyée à la casse. 76084 a la chance de faire partie des quatre 4MT 2-6-0 préservées sur les 115 construites. Basée au NNR pour les saisons 2013 et 2014, elle espère devenir Mainline Certified en 2015.

 

 

Sur l'autre quai de la gare, le train qui occupait la voie unique de cette ligne préservée est arrivé il y a quelques minutes. Deux locos à l'avant du train, c'est assez inhabituel : en premier la 56301 - en réalité en livrée Fastline Freight, une Gridiron (surnom donné aux membres de la Class 56). Parmi les 135 locos construites, certaines sont encore en usage, notamment par Colas Rail pour leurs trains intermodaux. Plusieurs Grids - dont celle que l'on voit aujourd'hui - ont été utilisées lors de la construction de la LGV Est pour tracter des trains de travaux, mais celles-ci ont depuis retraversé le tunnel sous la Manche, comme on peut le constater sous nos yeux.

 

Derrière elle, une Class 25 en livrée BR Bleue, la 25057. Contrairement à ce que sa numérotation TOPS peut laisser faire penser, elle fait partie de la sous-classe 25/1 et possède un moteur AEI 253AY, résultant de la collaboration de plusieurs entreprises dont l'américain Alco. Les Class 25 sont surnomées par les fans anglais Rats, car ancienemment présentes sur l'entièreté du réseau (en gros jusque dans les années 80), elles étaient aussi communes que les rats.

 

 

Les "voitures" de cette rame sont aussi particulières, puisque le set D est en fait constituté d'un DMU, une 101 et une voiture Mark 1 CCT. Pour être plus précis, il s'agit de la 101 681 (la numérotation n'est pas indiquée sur le DMU), constitué de deux éléments : un premier, moteur, numéroté 56062 de type DMBS (Driver Motor Brake Second) et un deuxième, 51228, de type DTCL (Driver Trailer Composite with Lavatory) non moteur, mais avec des toilettes. Remarquez, on peut avoir les deux, puisque la configuration DMCL existe.

Derrière, le Mark 1 est comme je le disais plus haut de type CCT et est numéroté M194125. Le North Norfolk Railway en possède deux. Vous n'avez sûrement jamais entendu parler de ce type de voiture et c'est normal puisqu'il s'agit d'un NPCCS (ou Non-passenger carrying carriage stock, on comprend mieux !). CCT signifie Covered Carriage Truck ; ce type de matériel devait permettre des services auto-train (prendre le train accompagné de son automobile), mais les conditions difficiles de visibilité ainsi que l'utilisation compliquée des portes ont fait que ces 827 CCT construites entre 1959-1961 ont été rangées au dépôt dès le milieu des années 60. Elles ont en effet été remplacées entre autre par un autre type de Mark 1 NPCCS, le GUV (General Utility Van) dont les exemplaires ont été construits entre 1956 et 1960, et qui est toujours utilisé aujourd'hui, pour des services auto-trains (par exemple le Night Riviera, train de nuit de FGW qui relie Londres à Penzance), mais aussi le transport de courrier à haute sécurité par exemple.

 

 

Bon c'est parti, notre train part à l'heure, à 10h33. Notre prochain arrêt doit se faire dans quelques minutes, à la halte de Kelling Heath. Les passagers qui souhaiteraient descendre à ce point doivent informer le contrôleur, pour que celui-ci puisse les placer dans la bonne voiture. Nous avons le token, le sémaphore est ouvert, coup de sifflet et hop, décollage en douceur ! J'espère que vous n'avez pas oublié la règle sur les lignes présérvées depuis ma dernière reconstitution, limitation de 25 mph sur la ligne, et 10 mph en gare !

 

 

Petit point sur la ligne, alors que nous roulons à travers les forêts du Norfolk et croisons un dépôt : elle est pas très longue, 8 kilomètres (un peu plus de 5 miles) et relie Holt, au sud, à Sheringham, au nord. Deux arrêts intermédiaires vont ponctuer notre trajet, la halte de Kelling Heath qui va bientôt se montrer devant et nous, et Weybourne. Bien que tous les trains ne s'arrêtent pas au premier, l'arrêt à Weybourne est obligatoire puisque c'est le seul point permettant l'attente sur cette voie unique.

 

 

 

 

Il est 10h40, nous arrivons justement à cette halte, qui ne dessert pas une ville, mais la lande de Kelling (Kelling Heath en anglais), caractérisée comme typiquement océnaique. Elle dispose du statut de SSSI (Site of Special Scientifc Interset) qui correspond en gros à nos parcs naturels. On y trouve pas mal d'oiseaux, dont la fauvette grisette et le pipit des arbres et aussi des reptiles, comme le lézard et la vipère. Attention donc si vous voulez y faire un tour !

Pour l'anecdote, sachez que les trains à vapeurs (qui roulent habituellement sur la ligne) ne s'arrêtent jamais à cette halte lorsqu'ils viennent du nord, en raison d'un gradient en leur défaveur.

 

 

Ce n'est pas notre cas, et après un arrêt assez bref, nous redémarrons, direction Weybourne, un train en gare attend que nous dégagions la voie pour pouvoir continuer son chemin. En attendant, parlons un peu de la ligne originale qui est une petie partie due Midland & Great Northern Railway. La ligne fut fermée comme beaucoup lors du Beeching Axe. C'est d'ailleurs l'une des premières grandes coupures puisqu'elle remonte à 1959. Vu cette date, vous vous doutez bien que peu de diesels ont connu la ligne à l'origine, et les plus communes étaient des Ivatts 2 et 4MT, et occasionnellement, des Standard 4MT. Quelques 101 et 105 ont brièvement fait un tour dessus.

 

 

10h42, nous sommes à l'heure à Weybourne ! Petit coucou au conducteur du troisième de ces 4 sets du Summer Diesel Gala, le A, constitué par des Mark 1 et une voiture-bar. Deux locos en top and tail pour ce train qui a quitté Sheringham à 10h30.

En tête, une 47, la 47367, en livrée BR Bleue. Celles-là, on les voit vraiment partout, ce sont elles, les rats, maintenant ! D1886, son petit nom pré-TOPS, construite en 1965, était déstinée spécifiquement au transport de marchandises. Après sa mise à la retraite, un changement de bogie et un peu de peinture bleue, la voilà qu'en 2011, elle redevient opérationnelle.

 

 

En queue de ce train qui va récupérer notre token attendant depuis quelques minutes, une Peak, la 45133. Faisant partie des 11 Class 45 préservées, D40 - son nom d'origine, vient nous rendre une petite visite, puisqu'elle est basée au Midland Railway - Butterley. Les Peak ont notamment servi sur la Midland Main Line jusqu'à l'arrivée des HST où elles furent reléguées à des services secondaires avant d'être rapidement envoyées à la casse - les dernières ont survécu jusqu'en 1989 quand même.

 

 

Avant de repartir, même si l'arrêt est court (2 minutes le temps que l'on procède à l'échange de token), jetons un coup d'oeil sur les voies de garages situées juste à côté de la gare. Malheureusement, pas de locos à vapeur qui traînent dans le coin, mais un bel échantillon des voitures et wagons. Vous reconnaîtrez entres autres des Box Van, des Ballast Hoo per, des Lowmac numérotés 904148 et (au premier rang à gauche), qui sont assez rares maintenant. Abréviation GWR pour "Low Machinery", ces wagons servaient à transporter des objets, notamment des véhicules qui provoqueraient un dépassement de gabarit sur des wagons classiques. Pour rester dans le thème de la préservation, ils peuvent servir pour l'acheminement de chaudières utilisées pour remettre à neuf des locos à vapeur. Derrière, vous aurez reconnu des Teak Coaches de la LNER, si souvent tractés par Mallard et ses copines (Vous savez que je ne peux pas m'empêcher de la caser tout le temps elle )

 

 

10h44. Le garde a sifflé, nous pouvons partir. Bien que les Class 37 ont une vitesse limite de 90 mph, je vous rappelle que sur ligne préservée la vitesse maximale est de 25 mph. Quant aux Class 31, les premières (D 5500-5534) ont une vitesse limite de 80 mph, et les autres, dont fait partie la nôtre peuvent rouler jusqu'à 90 mph également.

 

 

En attendant d'arriver au terminus, évoquons un peu la rénovation de la ligne. Celle-ci commença en 1968, soit 9 ans après la fermeture par BR, et il a fallu attendre 7 années de plus avant la réouverture au public, en 1975. Au départ le terminus sud était à Weybourn et la ligne fut étendue à Kelling Heath en 1983 puis Holt en 1989. La ligne survit, comme dans la majorité des cas, grâce à de nombreux bénévoles, et il y a même un club junior, regroupant les enfants. Tous les ans, un de ces jeunes reçoit le trophée "John D. Hammer" du bénévole junior de l'année. La ligne a reçu en 2006 la récompense 'Independant Railway of the Year.

 

 

Nous franchissons le passage à niveau de Sweet Briar Lane. Notez que l'intégralité de la ligne est contrôlée depuis le poste de Holt. 14 signaux, tous mécaniques, sont ainsi contrôlés depuis ce bâtiment, qui est plus que centenaire et qui a récemment été restauré in situ, ce qui a valu le HRA Signalling Award en 2009.

 

 

Encore quelques centaines de mètres avant d'arriver au terminus, on en profite pour une dernière photo...

 

 

10h54, voilà que s'offre à nous la gare de Sheringham, tout le monde descend ! On a ainsi l'occasion de croiser le dernier set de ce gala, le C, constitué de Mark 1. Ce matin, ce set est tracté par une seule loco, en tête, la 33108. Il doit d'ailleurs partir dans 3 minutes, à 10h57, le temps qu'on lui donne le token. Mais ne croyez pas qu'elle s'est reposée avant notre arrivée, il a fallu déplacer les voitures de la voie 2 à la voie 1, puis remettre la loco devant. Et tout ça en trente minutes ! Les changements de locos pour les différents sets de voitures (y compris le set D spécial 101 + CCT) se font quant à eux à peu près toutes les deux heures.

 

 

Autant acheter un Rover Ticket, valable toute la journée, pour observer différents matériels tractés par différentes locos ! Et en plus on peut monter dans le cinquième train de ce gala, constitué d'une Class 11 12131 et d'un brake van numéroté 750133 (oui je devrais dire fourgon-frein... ) qui fait un petit tour entre une voie de service et le quai 2, ici à Sheringham.

 

Pour conclure le voyage, un petit point sur les projets futurs du NNR ? Une extension existe depuis quelques temps jusqu'à la gare National Rail de Sheringham, mais on déconne pas avec la sécurité et la pénétration dans le réseau Network Rail, pas plus d'une douzaine de trains par an font la navette entre les deux gares. La gare "actuelle" est le terminus de la Bittern Line, qui la relie à Norwich, une fois par heure, au moyen de Class 153, 156 et plus rarement des 170. La ligne est exploitée actuellement par Greater Anglia.

De l'autre côté, à l'autre terminus, un projet, proposé par une organisation indépendante, consiste en la liaison du North Norfolk Railway au Mid Norfolk Railway, mais c'est encore loin d'être réalisé. Nous visiterons d'ailleurs celui-ci au cours d'une prochaine reconstitution, mais pour l'instant, il est temps de vous dire au revoir et de vous remercier si vous avez eu le courage - ou la passion de tout lire...

Edited July 20, 2013 by cerbere22

[D3L74 35]

2 heures du matin...et t'envoies du lourd, comme ça. Amazing.

[guigui15 49]

Ce Gala est splendide Incroyable travail de ta part, merci beaucoup pour ce que tu nous fais partager !

Edited July 20, 2013 by guigui15

[tornado 116]

encore une reconstitution, super! encore comme d'habitude très bien écrit, riche en infos et agréable à lire.

une petite sugestion si je puis me permetre : pourais-tu aussi faire ce genre de reportage sur des railtours

cela permetrait d'etre dans des grande gare et en plein ligne (et de dépassé les 25 mph) mais je conçoie que

c'est un travaille fénomémnale.

 

merci pour ces beau réportages.

tornado

[cerbere22 4,382]

Merci à vous trois Un railtour est prévu, et conclura comme la fois précédente une série de 3 ou 4 reconstitutions de galas

Edited July 20, 2013 by cerbere22

[tornado 116]

merci, j'ai hâte...

 

tornado

[loud06 170]

merci Cerbere pour ton travail et pour nous faire partager ta passion avec autant de talent.

Edited July 21, 2013 by loud06

[cerbere22 4,382]

Merci

Un indice pour le prochain gala : c'est sur une ligne sur laquelle se trouve actuellement deux exemplaires de Teddy Bears !

[fredo93 18]

Bonsoir,

 

Ca respire la passion ferroviaire, un travail étudié, soigné et précis, dont je reste une nouvelle fois médusé.

Merci beaucoup Cerbère de nous faire partager ces tranches de vie ferroviaires et ton talent !

C'est un réel plaisir !

 

Frédo.

[cerbere22 4,382]

Merci, les adjectifs que tu utilises sont exactement ceux avec lesquels j'aimerais que mon travail soit qualifié

[jibeh 4,522]

qui sait ???