Le slam d’AP

Bonjour à tous, je vous propose aujourd’hui un test du dernier add-on sorti chez Armstrong Powerhouse, que personne n’avait vu venir : les 4CEP et 4BEP, autrement dit Class 411 et 412.

D’abord, quelques mots pour recontextualiser ces trains : les 4-CEP (pour 4 éléments, corridor electro pneumatic) et 4-BEP (B pour buffet) sont des automotrices troisième rail construites par les British Railways entre 1956 et 1963, pour la première phase de l’électrification des lignes du Kent. Elles font partie de la famille des « Slam Doors », avec leurs portes nombreuses et que l’on claque pour les fermer. Les 4BEP sont identiques aux 4CEP, à l’exception d’un élément de seconde classe remplacé par un buffet. Ces rames sont alors surtout employées sur des trains express et notamment les célèbres Boat Trains, parfois accompagnés d’une automotrice-fourgon MLV (disponible dans TS). Elles bénéficient d’une opération mi-vie entre 1979 et 1984 et sont alors classifiées 411 pour les 4BEP et 412 pour les 4CEP. À la privatisation, quelques rames sont utilisées par Connex South Central (notamment entre London Bridge et Brighton) et Connex South Eastern, mais les radiations commencent en 1999 et l’ensemble de la série se regroupe chez South West Trains. Comme souvent dans l’histoire du ferroviaire, leurs remplaçantes sont capricieuses ce qui offre aux anciennes quelques années de travail supplémentaires, et finalement, la dernière rame est retirée du service en juillet 2005. 4 rames complètes sont préservées, dont une demie à l’Epping Ongar Railway (aussi disponible dans TS).

Les 4CEP/4BEP ont été affecté aux Boat Trains, parfois accompagnés d’une automotrice-fourgon MLV.

Bref, j’espère ne pas vous avoir endormi, il est temps d’apprivoiser la bête. Annoncé par surprise la veille au soir, l’add-on est déjà sorti ce matin ! AP propose une version intégrale des rames post-opération mi-vie : on se retrouve donc avec 15 grandes livrées, chacune possédant elle-même ses différentes variations, et, à chaque fois trois intensités de patinage différentes… vous pouvez donc vous amuser à calculer le nombre de combinaisons possibles ! Et là, il ne s’agit que des éléments que vous pouvez contrôler. Chaque rame, en fonction de sa série voire son numéro, est modélisée avec les bons bogies (et les sons qui vont avec), la bonne position du fanal, la bonne taille de l’indicateur de headcode, etc. La qualité de la modélisation en elle-même est franchement irréprochable, on a l’impression de voir une rame réelle, malgré le moteur graphique de TS ! On comprend les 1,4 Go du téléchargement, mais en jeu, pas d’incidence sur ma configuration pourtant moyenne.

Les variantes se dénombrent en dizaines et la modélisation extérieure irréprochable.

La modélisation en cabine est tout aussi belle, on s’y croirait vraiment. Par ailleurs, chose peu fréquente avec les add-ons d’AP, il existe des vues passagers, et je dis bien « des », puisqu’il y en a une par élément différent, soit 4 au total. Chaque vue existe avec deux moquettes de sièges différentes, celle des British Railways et celle de Network SouthEast. Niveau graphismes, c’est top, on regrettera cependant l’absence de voyageurs, problème récurrent chez cet éditeur…

Les vues passagers sont nombreuses, mais désespérément vides…

Pour l’instant, rien d’exceptionnel vu le niveau habituel des produits d’Armstrong Powerhouse. Là où on est vraiment un cran au-dessus, ce sont les fonctionnalités. Mise en service réaliste avec headcode changeable en tournant les manivelles. Radio avec changement automatique de zone si cela a bien été codé dans le scénario. Bon ça on a déjà vu. Panel de disjoncteurs avec un certain nombre utilisables, ça c’est très sympa, parfait pour simuler des pannes de frein électro-pneumatique par exemple. La physique, ensuite. Nous avions déjà eu des automotrices de la région sud, avec le système de traction manoeuvre – série – parallèle – shuntage. Celui-ci est correctement reproduit, et il va falloir un petit peu de temps pour s’y habituer surtout en cas de conditions dégradées car patinage et enrayage sont parfaitement modélisés. Le système de frein à sabots a également été reproduit correctement.

La cabine est superbement reproduite et pleine de fonctionnalités.

De plus, et c’est là une avancée à mon sens majeure en terme de simulation : chaque train est absolument unique. Les conducteurs vous le diront : même au sein d’une série de matériels, chaque locomotive, chaque rame a un comportement différent. Certaines sont plus capricieuses que d’autres, certaines ont de meilleurs performances à l’accélération, etc. Ainsi – et il me semble que c’est une première sur notre simu favori – AP utilise un script qui modifie aléatoirement, à chaque lancement de scénario, les performances d’accélération et de freinage des rames. Le joueur n’a pas l’information et ne peut s’en rendre compte qu’à la conduite. Par ailleurs, il en est de même pour le sifflet, choisi aléatoirement parmi 6 disponibles, dont certains sont délicieusement éraillés.

Chaque rame est unique, en terme de visuel mais également de comportement : une avancée majeure pour TS.

Les sons justement, c’est un peu la spécialité d’Armstrong Powerhouse. Là encore, la perfection, avec une bonne sensation de vitesse, des sons parfois aléatoires, notamment au démarrage et à l’arrêt, et surtout, trois sets différents. Un premier en cabine, un second en extérieur… et puis un troisième qui permet d’entendre de façon étouffée certains sons forts (comme le klaxon AWS) lorsqu’on est passager, juste derrière la cabine de conduite ! Une attention au détail tout à fait louable.

Six scénarios, nécessitant – malheureusement – énormément de pré-requis sont disponibles, trois pour la Chatham Main Line et trois pour Southampton – Bournemouth. Point positif, l’ensemble de la carrière de ces rames est représenté, des premiers trains dans les années 80 jusqu’aux dernières années en service au début des années 2000. Cependant, ceux-ci manquent de réalisme vu l’absence de rames Class 421/422/423 (justifié comme de pas assez bon niveau par AP – si on y ajoute le fait que le sound pack que vendait l’éditeur a disparu du site, peut-on y voir un signe ?) et le choix de la Chatham Main Line qui est reproduite telle qu’elle existe aujourd’hui. Nul doute que la communauté s’emparera de cet add-on, qui a roulé sur quasiment toutes les lignes troisième rail disponibles pour TS, pour proposer des activités de meilleure qualité.

Six scénarios sont inclus, mais ils manquent de réalisme et nécessitent de nombreux pré-requis.

En conclusion, si Armstrong Powerhouse annonce avoir mis 3 ans pour développer cet add-on, et déclare une affection toute particulière pour les automotrices troisième rail, « de ce temps plus simple où l’on faisait confiance aux voyageurs pour ouvrir les portes », ces Class 411 et 412 constituent non seulement un brillant hommage virtuel à ces rames, mais également encore une avancée notable pour Train Simulator, s’il fallait encore convaincre certains que ce simulateur est loin d’être sur le déclin.

4 Commentaires

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    • Nathan Soyores sur 15 janvier 2021 à 1 h 44 min
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    Un article de qualité écrit par un réel passionné du ferroviaire visiblement. Bravo !

    • jibeh sur 15 janvier 2021 à 14 h 53 min
    • Répondre

    Merci pour ce brin d’histoire ferroviaire, et ce superbe compte-rendu. 😉

    • Gandalf sur 25 janvier 2021 à 16 h 13 min
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    Superbe machines et très bon test. Impressionnant ce qu’ils arrivent encore à sortir de TS.

    • Lus0rius sur 7 février 2021 à 13 h 09 min
    • Répondre

    Toujours un plaisir de lire des articles aussi bien écrits et documentés. Merci beaucoup Olivier !

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