Les simulateurs Giravions, ressuscités par Simcab

Salut ! Cette semaine, l’ami Auguste (dj gus sur le forum) (Simcab sur facebook) m’a plus que gentiment invité une nouvelle fois chez lui pour découvrir sa dernière merveille. Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, je vous conseille de (re)lire le billet que j’avais posté à propos de son projet précédent. Cette fois-ci, fini de jouer, car c’est un véritable simulateur de conduite utilisé pour la formation des futurs conducteurs dont le passionné s’est occupé.

Un peu mieux qu’un Raildriver, je pense !

Dès lors que l’on pénètre dans le chalet magique, on est surpris par cet imposant module qui prend presque tout l’espace disponible. C’est comme les simulateurs professionnels utilisés dans l’aviation (étonnant n’est-ce pas ? :P) : un espace fermé qui reproduit l’environnement de travail de l’homme aux commandes (comprenez, la cabine), et, à l’extérieur, l’homme qui est du coup véritablement aux commandes, le formateur, dispose de tout un tas d’éléments pour faire souffrir son cobaye élève : deux écrans qui permettent de voir le conducteur et ce que voit le conducteur, un module radio pour jouer au régulateur, et un ordinateur qui permet de faire tout ce qu’on veux : modification de l’aspect des signaux, déclenchement d’alarmes et pannes en tout genre, modifications diverses et variées tout ça pour le malheur permettre une bonne formation de l’élève-conducteur.

Tout un tas d’éléments pour torturer les élèves-conducteurs, dont, bien sûr, le plus important, une bonne bouteille de bière.

Au niveau graphismes, impossible de faire plus vrai, puisque les images sont réelles, et ont été tournées à l’occasion de circulations spéciales, à une vitesse variant entre 30 et 45 km/h. Le tout est stocké sur des laserdiscs, dont la vitesse de lecture varie en fonction de celle de la fausse locomotive – le même principe est utilisé sur des simulateurs en flash disponibles sur le web, et certaines versions des jeux Densha de Go!. Chaque disque permet de stocker 54000 images soit 36 km de ligne en 300*300, sachant que plusieurs itinéraires sont disponibles, permettant de multiplier les situations (différents points de départ, passage sur voie en IPCS…) Les modifications dynamiques (comme les aspects des signaux) sont rajoutés au-dessus, et même pour quelque chose qui date de plus de 20 ans, cela reste d’une incroyable cohérence. Le système a néanmoins ses défauts, notamment un manque de fluidité à faible vitesse, et des arrêts assez brutaux, mais ce n’est pas très gênant. Enfin, on notera que les sons ont été particulièrement retravaillés par le jeune passionné pour que l’immersion soit la plus totale possible.

Il est temps de m’installer au pupitre de la BB 22001 ; là aussi on peut pas faire mieux puisque les équipements utilisés sont identiques à ceux des locomotives réelles. Évidemment, derrière la porte, le petit 0*%¨ç d’Auguste se délecte de ce qu’il est en train de me préparer, tandis que j’ai une pensée pour les (faux) voyageurs derrière moi, car j’ai le pressentiment que tout ne va pas bien se passer ; en même temps, c’est pour ça que les simulateurs existent. Et ce n’est pas le paquet de feuilles dont la première reprend deux LTV à ne pas oublier qui va me remonter le moral.

Je pense pas qu’on puisse faire plus réaliste pour le pupitre !

Direction Vénissieux, où je vais assurer un V160 à destination de Bourgoin-Jallieu. La ligne Lyon-Marseille via Grenoble a soigneusement été choisie puisqu’elle permet de travailler le changement d’alimentation entre le 1,5 kV en région lyonnaise, et le 25000 V qui commence à dominer les voies peu après Chandieu-Toussieu. Après une préparation de la machine, j’effectue sans soucis la mise à quai – bien aidé par mon formateur favori et l’accompagnateur du jour (j’en reparle un peu plus loin). C’est après, lors de ma mise en vitesse, que les ennuis commencent : « tiens, un drôle de bruit ! » *pssssschhhhhht* « freinage d’urgence ? » « AHAHAHAH on a oublié quelque chose je crois ! » « mékicékiaoubliéderéglélekavaybay ? ». Moi j’ai une excuse, y a pas de KVB sur les matériels anglais 😛 Bon, Auguste, ne t’inquiètes pas, tu restes quand même mon formateur favori 😉

Avec le KVB à 16 et pas 10, tout de suite ça marche mieux !

Après un arrêt commercial à Heyrieux où je repars avec +1, là on ne rigole plus du tout, puisque, je tombe TRÈS BIZARREMENT sur un avertissement. Bon pourquoi pas, rien de bien méchant. Mais, TRÈS BIZARREMENT, en quelques secondes, un brouillard sauvage apparait et envahit tout l’écran… en plus, je reçois TRÈS BIZARREMENT un appel du régulateur – auquel je réponds bien sûr, parce que je suis bête – bref la situation dans laquelle on aime bien se trouver quoi. Sémaphore de BAL, je repars en marche à vue, et je vois au loin, TRÈS BIZARREMENT, une radio du thorax surplombant deux points rouges. Bon en fait c’est l’arrière d’un train, mais déformation professionnelle + graphismes de l’époque oblige, j’ai crû au départ que c’était un obstacle, donc j’ai appuyé sur le BP-URG même si en réalité ce n’était pas ce qu’il fallait faire (puisque c’était une queue de train).

Après que mon formateur se soit réjoui de mes déboires (gentiment hein, je précise au cas où la #TeamPremierDegré tomberait sur cet article), le reste du voyage s’est déroulé sans problème, la LTV à 40 n’avait pas disparu (contrairement à la première, ah, je ne vous l’avais pas dit ?), et j’immobilise le train au bout du quai de Bourgoin-Jallieu avec un retard d’environ 25 minutes. Ce parcours fut l’occasion de voir brièvement toutes les possibilités qu’offrent les Giravions, et, je pense que vous avez pu le constater à travers ces quelques lignes, y a moyen de créer des situations vraiiiiiiment dégradées. Le but étant bien sûr de former les élèves à tout et n’importe quoi (loi de Murphy oblige !), et surtout à des évènements qui présentent un danger non négligeable, mais qui ne se rencontrent que très rarement voire jamais en réalité.

Franchissement du sémaphore-du-début-de-la-galère, je ne suis plus le même homme depuis 😛

D’ailleurs, Auguste, désormais vrai conducteur de vrais trains dans la vraie vie, se sert de ce simulateur – qu’il a mis 18 mois à rapatrier du sud de la France puis remettre en état – pour tutorer des élèves en cours de formation. J’étais d’ailleurs lors de ma visite accompagné de Sylvain, actuellement remiseur et élève CRLO (conducteur de locotracteurs), qui profitait du Giravions non seulement pour le plaisir de conduire à 200 km/h entre Libourne et Bordeaux, mais aussi pour pouvoir compléter sa formation, même s’il y a évidemment des différences entre une BB 22200 et un Y 8000. Le tout dans la bonne humeur, et sous l’œil strict mais bienveillant du jeune « maitre des simulateurs », comme j’aime l’appeler. Une initiative que l’on ne peut que applaudir.

Pour finir, ce dernier m’a offert un petit parcours sur Metz-Rémilly (à défaut d’avoir un laserdisc de la ligne 5 :P), enfin plus précisément Novéant-Rémilly, une ligne que je connais comme ma poche. Cette fois-ci aucune anomalie, mais juste le bonheur de parcourir une ligne de l’Est en 1992. Après les gares d’Ancy et Ars, c’est Metz-Sablon qui se profile, et j’emprunte une courbe longeant les voies du dépôt à 30 km/h en admirant toutes les bêtes qui s’y reposent… caravelles rouge et crème, BB 25200 vertes, BB 15000, et surtout… une belle brochette de fers à repasser ! Le voyage se poursuit, et en ligne aussi, les rames sont très sympathiques… mais je n’en dirai pas plus, car vous pourriez vous aussi avoir la chance de profiter de ce simulateur. En effet, même si rien n’est encore confirmé, Auguste devrait exposer un autre modèle du simulateur – bah oui, pourquoi n’en récupérer qu’un lorsqu’on peut en récupérer plusieurs ? – à Grand Train, l’expo à l’ancien dépôt de Paris La Chapelle, et des sessions seront proposées au public moyennant une petite contribution financière. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, il y aura peut-être également des cabrides des lignes qui seront disponibles sur le net.

Le Sablon en 1992, un pur bonheur.

Je sais que je me répète, mais je suis et je serai toujours impressionné par ce que la passion peut permettre de créer. Quand on voit la complexité d’un tel système, malgré son ancienneté, on ne peut commencer à imaginer la quantité de boulot qu’il a fallu pour remettre en marche ce simulateur. En plus, non seulement le plaisir de conduire (et de contempler des fers à repasser) est là, mais Auguste s’en sert pour aider à son tour des élèves à travailler leurs examens. Comment ne pas être admiratif d’un tel travail ? Bravo, monsieur.

1 Commentaire

    • pierreg sur 16 juin 2016 à 8 h 43 min
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    Alors là, chapeau Auguste! Car ce simulateur a été mis en service en 1986 (donc 30 ans et non 20) à la SNCF avec un concept qui avait été mis au point pour des simulateurs d’engins militaires.
    Lorsque je l’avais vu, à l’époque, l’image était affichée sur un moniteur de 35cm et on avait l’impression de regarder la voie au fond d’un entonnoir!
    C’était déjà considéré comme une usine à gaz à l’époque et quand on sait la difficulté à récupérer et faire fonctionner de l’informatique ancienne (il manque souvent un câble, une courroie pour le lecteur, une disquette pour le système…), je lui adresse toutes mes félicitations pour sa persévérance et sa réussite.
    PierreG

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